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"Toutes les carrières mutent ? Toutes ?"
Laetitia Pihel (IAE de Nantes) et Jean Pralong (EM Normandie)
Les « mutations » sont une notion récurrente dans le débat public, tant dans les cadres de référence des entreprises que dans les présupposés de nombreux praticiens. L’idée de mutation subsume la transition inéluctable entre un passé révolu et un futur probable, requérant des adaptations majeures des individus et des organisations. Les causes de cette rupture sont le plus souvent présentées comme extérieures aux organisations : les cultures, les sociétés, les marchés et les individus muteraient et imposeraient aux entreprises des adaptations.
Les carrières sont régulièrement abordées, elles aussi, selon cette trame narrative. Il est ainsi courant d’opposer l’économie des Trente Glorieuses à celle de la crise actuelle, les firmes bureaucratiques de naguère avec les start-ups agiles d’aujourd’hui, l’emploi à vie d’avant-hier avec l’auto-entrepreneuriat d’aujourd’hui. En cause, entre autres, les mutations « post-modernes » de la société, les formes organisationnelles nouvelles ou les principes de mobilité renouvelés.
Les études empiriques consacrées aux carrières post-modernes rappellent que les mutations sont plus souvent présentées au futur qu’au présent ou au passé, et que les représentations du changement supplantent souvent en quantité et en qualité le changement lui-même. En outre, les mutations régulièrement présentées dans les organisations comme des réalités absolues, sont, pour les sciences sociales, sujettes à débats, critiques et dissensus. On y rappelle les rôles des idéologies dans la formation et la réception de quelques « mutations » bien connues.
Ce Track se propose de mettre au centre des débats la question des « mutations » des carrières. Il s’adresse à tous les chercheurs, confirmés ou débutants, quel que soit leur champ disciplinaire, qui travaillent sur le thème des carrières. A titre indicatif et sans viser l’exhaustivité, nous donnons ci-après quelques questions qui pourraient être saisies, mais qui ne constituent en rien les limites d’un sujet et des papiers attendus :
- Les mutations sociétales qui ont impacté les trajectoires professionnelles sont-elles bien celles que l’on suspecte ?
- Les carrières sont-elles dues aux mutations sociétales que l’on suspecte ?
- Quel(s) évolution(s) des stratégies RH en matière de gestion des carrières ?
- La digitalisation du recrutement et de la gestion des carrières sont-elles des mutations significatives ? Peut-on suspecter que changer (ou muer) permettent de ne pas changer ?
- Comment le travail à distance fait muter les carrières des femmes et des hommes ?
Sont également bienvenues les contributions qui :
- étudient de nouvelles populations, ou des populations rarement étudiées dans la recherche sur les carrières,
- proposent une meilleure compréhension des attentes en matière de carrière, de mobilité, ou de formation,
- offrent des cadres théoriques fertiles pour étudier les carrières, comme une réflexion méthodologiques,
- s’attachent à révéler les impensés de la gestion et compréhension des carrières.